Histoire
Depuis le début du XXème siècle, sports et loisirs sont développés au profit de la jeunesse, notamment par les patronages. Formations morale et physique sont fortement liées. Peu à peu naissent les colonies de vacances. Avant la Seconde Guerre mondiale, les enfants de la paroisse de Malzéville passent l’été à Gerbéviller. Depuis les années cinquante, la colonie Notre-Dame du Trupt accueille des générations de jeunes. Les noms d’André et Paul Jacquet sont indissociables du Domaine mis à leur disposition par la paroisse Saint-Martin et situé au pied du Donon.
« En 1953, je deviens responsable de la colonie de vacances du Petit Séminaire. Avant la guerre, les locaux anciens de cette colonie étaient situés à Vexaincourt, au lieu-dit La Chouette. Pendant la guerre, ces locaux sont détruits.
La colonie du Petit Séminaire est alors installée à Saussenrupt, dans une propriété louée symboliquement à monsieur de Tallouet. Je fonctionne dans cette propriété en 1953 et 1954. A la fin de 1954, le secrétariat de la Jeunesse et des Sports ordonne la fermeture de cette colonie pour vétusté et danger des locaux ainsi que des conditions insuffisantes d’hygiène. »
Le Père André Jacquet écrit en octobre 1971 un historique de la colonie Notre-Dame du Trupt. Son objectif est de décrire l’énorme investissement humain, avec de très faibles moyens financiers, qui a fait de l’ancienne scierie du Trupt un lieu d’accueil pour les jeunes.
Installée juste après la Première Guerre mondiale, la scierie utilise la force de l’eau, captée dans la Plaine. Le petit bâtiment, fait de gros blocs de grès rouge, est entouré de grumes et de planches. En 1937, le haut-fer s’arrête. Bientôt la forêt envahit le fond de la vallée.
« En 1955, Monseigneur Huet me confie la propriété de Notre-Dame du Trupt. La propriété appartient alors à monsieur le chanoine Brigué, elle servait de colonie à la paroisse Saint-Georges de Nancy. En devenant curé de Saint-Epvre, M. Brigué donne sa propriété de Bionville à l’Evêché pour qu’elle serve à une paroisse démunie de locaux de vacances. La paroisse Saint-Georges, devant l’ampleur des travaux à réaliser pour la rendre conforme aux exigences de Jeunesse et Sports, renonce à cette propriété. C’est ainsi que j’en deviens responsable, l’Evêché demeurant le propriétaire légal à la mort de M. Brigué. A titre de compensation pour des dommages de guerre de La Chouette, Mgr. Huet règle les premiers frais d’installation et de déménagement, soit 5 080 F. Par la suite, après des travaux importants d’agrandissement, Mgr. Huet attribue à l’œuvre, le 9 novembre 1959, une subvention complémentaire de 1 500 F.
A l’époque de la première occupation, je recevais la gestion d’une colonie d’une capacité de 40 colons. Seule en effet n’existait que la maison principale, ancienne scierie, mais dans quel état ! Toiture très vieille, pas un seul volet, pas d’eau courante, pas de douche, aucun matériel de cuisine ni de réfectoire, murs de la maison en grande partie de bois. »
La colonie de Gerbéviller est fermée depuis plusieurs années. D’abord réservée aux petits séminaristes, la colonie Notre-Dame du Trupt va bénéficier de la forte implication des équipes d’encadrement et des parents.
L’Âge de Bois
« Il fallait alors se mettre à l’œuvre. Dès 1955, nous construisons une petite chapelle, bâtiment en bois de 36 m². En 1956, nous ajoutons une salle de jeux, bâtiment en bois de 54 m². D’année en année, nous aménageons l’intérieur de la maison principale : eau chaude et froide sous pression, douches, électricité, remplacement des murs de bois par des agglos, entretien et réfection de la toiture, etc.
En 1959, avec l’aide de l’équipe de maitrise et quelques parents de colons, nous construisons deux nouveaux dortoirs en bois et la grande chapelle, nous doublons ainsi notre capacité d’accueil. En 1960, c’est l’achat et la construction du bâtiment du personnel. En 1961 et 1962, nous ajoutons un bloc sanitaire à chacun des deux grands dortoirs. En 1961 également, à l’aide des deniers propres de la colonie, nous achetons notre sapinière, le propriétaire légal demeurant l’Evêché de Nancy.
Jusqu’en 1964, l’Evêché est mon principal interlocuteur notamment parce que la colonie est spécialement destinée aux petits séminaristes et aux écoles presbytér
ales. Toutefois, dès 1961, j’avais commencé à ouvrir les portes de la colonie aux enfants de Malzéville. »
A partir de cette date, l’équipe des « Touche-A-Tout » de la paroisse Saint-Martin s’investit largement dans ce qui va devenir le « Domaine Notre-Dame du Trupt ».
Plus de confort
Les années sont alors ponctuées par toute une série de travaux menés par les Touche-à-Tout, les équipes d’animation, les parents de colons, les amis du Domaine… A l’occasion du dixième anniversaire, une salle de veillée est construite sur les bords de la Plaine.
Puis, dans les années 1970, on reconstruit en dur. En effet, les mesures de sécurité sont plus strictes, suite à l’incendie du 5-7. Les bâtiments de bois où logent les enfants ne sont pas seulement remplacés : des boxes de huit lits, qui ne tardent pas à être transformés en chambres de trois à six lits, remplacent les dortoirs de 48 places. Durant cette période, naissent Les Belettes (1970), Les Biches (1971), Les Cigognes (1972), Les Mésanges (1973), Les Ecureuils (1975), puis Les Piverts (1982). Chacun de ces bâtiments contient un groupe de chambres, une salle d’activités et des sanitaires. Le chauffage central est progressivement installé.
Parallèlement, l’Association développe d’autres activités, toujours au service des jeunes : les Amis de l’Europe de 1968 à 1984, organisent des camps itinérants, conduisant les adolescents à travers l’Europe, et même au-delà.
Une nouvelle série de travaux de rénovation, de mise aux normes, toujours plus draconiennes, apporte davantage de confort, et donne un nouvel élan à l’Association : un manège permettant une activité poney dès 2003 est implanté au bout du terrain de foot qui a pris naissance après la tempête de 1999, celle-ci ayant abattu de nombreux sapins. En 2010-2011, les tentes marabouts disparaissent au profit des Chevreuils et les Marmottes prennent la place des Pinsons et dans la foulée, le rêve d’André Jacquet, une piscine couverte et chauffée est construite !
Désormais, 160 enfants sont logés dans d’excellentes conditions durant les mois d’été, le Domaine est ouvert toute l’année, accueillant des groupes de tailles diverses, des bâtiments accessibles aux personnes à mobilité réduite… Le Domaine Notre-Dame du Trupt poursuit sa route, conformément à la volonté de ses fondateurs : être un lieu de rencontre.